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travail, vos exploiteurs se couvrent de beaux habits, s’emmitouflent de fourrures, jettent leur or à des futilités, se délectent dans de dispendieux repas, à votre intention ; et, le soir quand vous irez étendre sur un méchant grabat vos membres endoloris par une journée de travail, eux, sortant de chez leur maîtresse — une de vos filles le plus souvent, — ou de leur cercle où ils auront laissé la fortune d’une famille, ils iront mollement étendre leur carcasse détraquée par les excès, ils s’endormiront heureux. — N’auront-ils pas bien gagné leur sommeil ?… N’ont-ils pas travaillé à vous river de plus en plus à la glèbe ou à l’usine ?

Oh ! nous savons bien ce que vous autres, anarchistes, vous répondrez : « il vaudrait mieux ne pas exploiter les travailleurs, leur laisser à eux-mêmes le soin de dépenser comme bon leur semblerait, le fruit de leur travail ; mais vous n’êtes que des hommes de rapine ; qui n’avez aucun idéal social, qui ne rêvez que pillage, meurtre et incendie ! Vous n’avez que des appétits !… cela répond à tout et dispense de bonnes raisons.


Ce qui fait que tous les partis rapprochés dans une si touchante union, ont oublié leurs querelles sur le dos des anarchistes, c’est que, faisant partie de la classe des exploiteurs actuels, ou espérant y entrer, il faut bien qu’ils prennent la défense de ce dont ils espèrent tirer parti un jour. Ils veulent bien se disputer l’assiette au beurre, mais non la briser, il leur faut donc travailler à se débarrasser de ceux qui leur barrent la route, en démontrant aux travailleurs qu’ils ne doivent plus accepter de maîtres. Or, pour ameu-