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mécanique, qui ont établi des rapports suivis et fréquents entre ceux qui n’apprirent à se connaître qu’en tombant sous la férule du même maître. — L’indépendance des individus et des groupes s’en trouverat-elle amoindrie ? Nous ne le pensons pas non plus, puisque la vapeur, l’électricité et la mécanique, en mettant au service de l’homme des forces considérables qui permettent de vaincre la distance et le temps, sont venues augmenter cette indépendance en réduisant la somme de temps nécessaire à la lutte pour l’existence — lutte contre la nature, ne confondons pas — et permettre ainsi aux individus de dépenser la plus grande partie de leur temps en un travail récréatif au sein d’une société basée sur la solidarité et la liberté.

Oui, nous le reconnaissons et le proclamons : les découvertes scientifiques de l’homme le conduisent de plus en plus vers l’association des efforts et la solidarisation des intérêts. C’est pourquoi nous voulons la destruction de la société actuelle, basée sur leur antagonisme. Mais de là à conclure à la nécessité d’un pouvoir, il y a loin. Où donc les autoritaires ont-ils pris qu’il puisse jamais y avoir solidarité d’intérêts entre celui qui commande et celui qui obéit ?

Les progrès lentement accomplis par l’humanité ne sont-ils pas dus, justement, à cet esprit d’insubordination et d’indiscipline qui a poussé l’homme à s’affranchir des obstacles qui nuisaient à son développement, à cet esprit sublime de révolte qui l’entraînait à lutter contre la tradition et le quiétisme, à fouiller dans les recoins les plus obscurs de la science pour arracher ses secrets à la nature et apprendre à triompher d’elle ?