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que, plus l’homme se développait, plus la science s’élargissait, plus l’individu perdait de son autonomie. L’emploi des machines et forces motrices mises à sa disposition par la science le poussant à l’association, lui enlèverait ainsi, d’après ces « savants », graduellement de son autonomie en subordonnant son action personnelle à celle de l’outillage et de ses coassociés. On a afîirmé que, pour trouver une société où règne l’autonomie complète de l’individu, il faut remonter aux sources de l’humanité, ou bien aller chez les races actuelles les plus inférieures. En sorte que l’on serait en droit de conclure que la société idéale de ces assoiffés d’autoritarisme serait une société où l’individu n’aurait plus la liberté d’aller pisser sans en demander l’autorisation !

Plus la science se développe, plus elle ajoute à l’autonomie de l’individu. Si, dans la société actuelle, chaque découverte scientifique jette, en effet, les travailleurs sous la dépendance du capitaliste, c’est que les institutions actuelles font tourner les efforts de tous au profit de quelques-uns seulement. Mais, dans une société basée sur la justice et l’égalité, les découvertes nouvelles ne pourront qu’ajouter à l’autonomie de l’individu.

Il faut vraiment être aveuglé par la monomanie de l’autorité pour oser prétendre que l’on doit remonter à l’origine des sociétés ou bien aller chez les races inférieures[1] pour y retrouver l’autonomie. Est-ce que l’homme était autonome alors que, nu et sans défense, n’ayant encore qu’une intelligence rudimentaire, il était livré à tous les hasards de la vie, forcé de lutter

  1. Inférieure en degré de développement, mais non en puissance virtuelle.