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ront évoluer librement ; d’élargir les cerveaux de façon à les amener à ce qu’ils puissent concevoir la possibilité d’une telle indépendance, leur inculquer la volonté de la conquérir.


Quand les molécules, les cellules composant l’Univers, ont pu librement s’associer, quand rien n’a entravé leur évolution, la combinaison se fait et il en résulte un être complet, parfaitement constitué qui est, virtuellement, viable dans le milieu où il a pris naissance. Quand cette association n’a pu se faire librement, quand l’évolution a été entravée dans sa marche, quand « l’autonomie » des différentes molécules a été violée, il en résulte ce que l’on appelle un monstre, c’est-à-dire un être qui, n’étant pas conformé pour le milieu où il doit évoluer, n’est pas viable, ou bien, lorsqu’il peut, malgré sa monstruosité, prolonger son existence, ne traîne qu’une vie misérable, languissante, restant toujours souffreteux et difforme. Telles nos sociétés dont les éléments morbides dont elles sont imprégnées occasionnent les crises qui les bouleversent continuellement.

Et c’est parce que les anarchistes désirent une société saine, parfaitement constituée, qu’ils veulent que l’autonomie des individus — ces molécules de la société — soit respectée. C’est parce que nous voulons que tout ce qui a les mêmes affinités puisse s’associer librement, selon les tendances de chacun que nous repoussons tout pouvoir qui réduirait tous les individus à la même estampille, — ce pouvoir fût-il « scientifique ».

Pour exercer l’autorité, il faudrait, ce qui n’existe pas, des anges. Il n’y a pas de cerveaux assez vastes