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surnaturel qu’il a baptisé du nom de « Dieu ». Pour le savant, — s’il est parvenu à se dépouiller de toutes les superstitions dont ont été entourées son enfance et son éducation — ces lois sont la résultante des propriétés que possèdent les diflférents matériaux dont l’Univers est composé, et résident dans ces propriétés mêmes.

La loi, ici, n’apparaît plus pour régir les diverses parties d’un tout, mais pour expliquer que si les phénomènes se sont produits dans tel ou tel sens, de telle ou telle manière, c’est que, par la force même des qualités des corps, il ne pouvait en être autrement.

Les lois sociales ne peuvent avoir d’autre autorité que les lois naturelles ; elles ne peuvent qu’expliquer les rapports entre les individus et non les régir. Comprises ainsi, elles n’ont plus besoin d’un pouvoir oppresseur pour en assurer l’exécution. N’étant que la constatation d’un fait accompli, elles ne peuvent avoir d’autre sanction que le châtiment que comporte la désobéissance à une loi naturelle. Leur connaissance exacte doit nous faire connaître d’avance le résultat de telle action envers nos semblables, nous enseigner si nous y trouverons profit et jouissance ou regret et déplaisir, nous indiquer si le plaisir que nous tirons de tel acte, ne sera pas suivi d’un déplaisir plus grand.

Ce n’est donc pas à établir des lois applicables, indistinctement, à tous par la force, que doivent tendre les efforts du sociologue, mais à étudier les effets de nos actes et de leurs rapports avec les lois naturelles ; ses conclusions enseigneront à l’individu ce qui lui est profitable à lui et à la race. Les lois sociologiques ne doivent pas être une règle imposée, elles doivent,