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avait dû recevoir des soins de mains solidaires, soins assez prolongés, puisque l’état de cicatrisation des ossements démontre que l’individu a survécu à la blessure, que cette cicatrisation a dû être assez lente, et que la nature de la blessure ne permettait pas au blessé de s’aider lui-même pendant l’état maladif.

Donc, en remontant aux origines de l’humanité, si nous trouvons des traces de violence entre les individus, nous trouvons aussi la trace de solidarité et d’aide mutuelle, autre « loi naturelle » dont les commentateurs politiciens de Darwin se gardent bien de faire mention.

Par conséquent, ce premier moteur : — la lutte, — des actions humaines, trouvé, cela nous explique pourquoi les premières sociétés humaines furent, dès leur naissance, entachées du péché originel et servirent aux plus forts et aux plus avisés de levier pour exploiter les plus faibles et les plus simples, mais ne prouve nullement qu’elle fut une cause de progrès. Le progrès s’est-il accompli par ou malgré l’état de lutte où l’humanité a été plongée, voilà ce qu’il serait intéressant à élucider, mais qui, fort probablement, ne le sera jamais.

Mais, quoi qu’il en soit, la lutte fût-elle une des causes du progrès, il est déjà de toute évidence, qu’elle est loin de tout expliquer, et que nombre d’atitres lois naturelles interviennent dans les causes d’évolution et que l’aide mutuelle n’en est pas une des moindres ; à elle seule, déjà, elle nous explique pourquoi, malgré les désavantages qui en sont résultés pour certains d’entre eux, les hommes se sont maintenus en sociétés.