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par la loi, quels que soient leurs sentiments à l’égard les uns des autres.

C’est ainsi, qu’au point de vue de la loi, deux époux qui se seront mutuellement détestés toute leur vie, se seront séparés pour ne plus vivre ensemble, s’ils se sont unis par devant monsieur le maire, et ont oublié de faire faire la cérémonie contraire par un autre monsieur, portant un autre costume, ils seront toujours considérés comme une famille légale, la seule valable, tandis que ceux qui auront toujours vécu ensemble, se seront aimés à l’adoration, ne seront que des « concubins » — c’est le mot légal — leur famille n’aura aucune valeur s’ils ont négligé certaines formalités légales.

Les enfants de la femme du premier ménage, si l’homme, à l’aide de nombreuses démarches n’en a pas obtenu le désaveu, seront, d’après la loi ses seuls enfants légaux, tandis que ceux qu’il aura engendrés lui-même ne lui seront rien. Quant aux enfants, nés hors du mariage, leur situation serait-elle régularisée après coup, leur situation sera toujours inférieure d’après la loi. — C’est, paraît-il, ce qui fait le charme de notre législation !

Pourtant les mœurs ont marché ! Le bâtard n’est plus — sauf pour quelques retardataires, — l’être hors caste des temps jadis ; les unions « irrégulières », nous l’avons dit, sont la majorité dans nos grandes villes ; et si par, bégueulerie ou par médisance, quelque bon voisin trouve à « chiner », elles sont parfaitement acceptées. Et, en certains cas, quelques-uns arrivent même à se faire respecter de l’administration. Il n’y a que la loi qui reste immuable.

La loi qui, en dehors de celles dictées par l’esprit