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guent. Pour être efficaces, elles doivent être appuyées d’une force coercitive. Et cette force, elle-même — nous l’avons vu — est d’un bien maigre appui, lorsque les mœurs sont en antagonisme avec le régime qu’on veut leur imposer.

Lorsqu’elles commencent à être discutées, les lois ne sont pas loin d’avoir perdu leur autorité. Elles n’ont de véritable force effective que lorsqu’elles sont parfaitement d’accord avec l’opinion, ce qui se rencontre fort rarement.


Mais, la loi elle-même n’a jamais rien empêché. Au moyen-âge on punissait le vol de la corde, de la roue ; des tortures effroyables, accompagnaient l’appareil judiciaire. On brûlait la langue ou les lèvres des blasphémateurs. On brûlait les sorciers, ou prétendus tels. Cela n’a pas empêché de blasphémer et l’esprit d’irréligion de faire son chemin. C’était l’époque où pullulaient les sorciers, où les voleurs tenaient le haut du pavé.

Aujourd’hui on a renoncé à poursuivre les blasphémateurs, à brûler les sorciers. Ces derniers, on se contente de les condamner pour escroquerie ou exercice illégal de la médecine, selon les plates-bandes du Code qu’ils ont piétinées. Mais leur nombre a diminué du jour où on les a laissés tranquilles, aujourd’hui, ils ne prétendent même plus chevaucher des manches à balais, ou avoir des rapports avec messire Satanas, choses pour lesquelles, pourtant, on ne penserait plus à les poursuivre.

Quant aux voleurs, si les pénalités sont moins rudes, on a toujours continué à les pourchasser, lorsqu’ils n’opèrent pas à l’abri de certaines situations ou