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bourgeois sont mal venus de s’en targuer pour Justifier leur société :

«… Toutes ces inégalités, ces monstruosités, il faut, comme nous l’avons dit, les attribuer à la lutte sociale pour vivre, lutte non encore réglée par la raison et la justice, et particulièrement maintenue par les nombreux actes d’oppression politique, de violence, de spoliation, de conquêtes, qui remplissent l’histoire du passé et semblent aux yeux de l’esprit mal éclairé des contemporains une inévitable conséquence du mouvement social… » (Büchner, l’Homme selon la Science, p. 222.)

Dans ces temps reculés, où l’homme confondu avec le restant de l’animalité, ne possédant, pour toute arme, que ses instincts : le besoin de vivre et de se reproduire, qu’un cerveau rudimentaire où s’imprimaient bien lentement chaque progrès acquis, chaque adaptation nouvelle, il a pu se faire que la « lutte pour l’existence » ait été pour lui une condition de vie et de mort, et qu’il ait dû s’y plier. Tuer pour ne pas être tué ; manger pour ne pas être mangé, si ce furent là, les débuts de l’humanité, ce dut être l’âge d’or de l’économie politique, car la concurrence aurait été, d’après certains naturalistes, la seule règle des êtres vivants d’alors.

Jusqu’à quel point cette concurrence et cette rivalité ont-elles été poussées, il y a large champ pour l’hypothèse, mais au fond, on l’ignore absolument. Si on trouve des ossements humains portant des traces de blessures provenant d’armes primitives, on trouve aussi des ossements portant des traces de blessures ayant subi une évolution qui prouvent que le blessé