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par les difficultés des conditions d’existence. Forcés de fournir neuf, dix ou douze heures de travail pour gagner la pitance quotidienne, il n’est guère possible dans ces conditions de cultiver des goûts esthétiques. Il n’y a qu’un petit nombre de privilégiés qui puissent le pratiquer et en jouir. Les autres devront se borner à admirer les œuvres de ceux-là, si les quelques facultés qu’ils auraient pu avoir ne sont pas complètement atrophiées dans la lutte pour l’existence.


Dans la société future, le temps nécessaire à satisfaire les premiers besoins de la vie animale sera réduit au minimum, et, même ne sera plus qu’une gymnastique hygiénique nécessaire à développer les muscles parallèlement au cerveau. Chacun pourra donc développer ses talents et aptitudes à son gré, poursuivre l’idéal de son imagination. Ceux qui auront de réelles dispositions pourront les faire valoir ; ceux qui n’auraient que des prétentions, pourront satisfaire leur vanité sans danger pour personne, s’ils perdent leur temps à des cancreries, ils n’en devront compte qu’à eux-mêmes, tandis que dans la société actuelle, la fortune, s’ils l’ont entre les mains, peut leur donner une influence néfaste sur la destinée des autres.

Qu’un compositeur par exemple, veuille organiser une audition de ses œuvres, il cherchera autour de lui les exécutants qui pourront l’aider, se fera, s’il le faut, leur professeur ; son besoin de produire son œuvre le mettra dans la nécessité de se rendre utile aux autres pour mériter leur concours. Au lieu de faire jouer sa musique, s’agira-t-il de la publier ? — ou lui seul