Page:Grave - La Société future.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce raisonnement peut suivre une échelle très graduée, mais le fond en est le même.


Pour nous, les œuvres dites d’art, ne sont qu’une des manifestations de l’activité humaine ; cette question ne forme pas une question à part dans la société future, et sa solution doit se trouver, comme toutes les activités de l’individu, dans la possibilité de se produire au milieu de la liberté la plus complète. C’est par l’entente et la solidarité, que les artistes trouveront les moyens de produire leurs œuvres. Œuvres d’art véritables, puisque, dans leur élaboration, l’artiste pourra s’affranchir de toutes les préoccupations matérielles qu’entraîne la société actuelle.

Quoi qu’en disent certains dilettanti, on ne fait pas un tableau, un livre, une statue ou une pièce de théâtre pour soi seul et le plaisir de les garder par devers soi, les soustraire aux yeux des profanes. Les jouissances artistiques sont, par elles-mêmes des jouissances altruistes qui, pour être véritablement goûtées, demandent à être partagées. Certes, lorsqu’on est fortement convaincu de la beauté de son œuvre, on se moque de la bêtise du philistin, mais les louanges sincères n’en sont pas moins bien goûtées. Une œuvre n’a, pour son auteur, sa valeur consacrée que lorsqu’il peut la faire admirer. Lorsqu’on publie un livre, qu’on expose un tableau ou une statue, qu’on invite le public à une audition de musique, à une représentation théâtrale, c’est une consécration qu’on lui demande, ou une œuvre de propagande que l’on tente.

Dans la société actuelle, les trois quarts de ceux qui voudraient cultiver la Muse, en sont empêchés