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succombent à la peine, exténués par un travail sans relâche et qui, pourtant auraient le droit, en se frappant le front, de répéter les mots que l’on attribue — vérité ou légende — à André Chénier, marchant à l’échafaud : « Et pourtant, j’avais quelque chose là ! »

Ah ! elle serait curieuse à faire la statistique des célébrités dont s’enorgueillit la civilisation actuelle, et de savoir celles qui sont arrivées avec son aide, et de celles qui ont surgi, malgré elle et contre elle, et surtout, d’en comparer les valeurs respectives.

Appartenant à une classe dont l’émancipation n’a été rendue possible qu’à l’aide de la force, nous allons, pour appuyer nos revendications, nous emparer des arguments fournis par les savants officiels eux-mêmes ; retournant contre eux leur propre dialectique, nous allons démontrer qu’il nous suffirait de leurs assertions pour justifier du droit qu’ont les travailleurs de recourir à la force pour s’émanciper. Quand, avec les propres armes dont ils prétendent défendre l’ordre bourgeois, nous aurons démontré que, pareille à la lance d’Achille, leur argumentation guérit ce qu’elle a blessé, nous démontrerons ensuite toute la fausseté de leurs arguments, nous ferons voir que la lutte pour l’existence n’explique qu’une bien minime partie des faits de l’évolution, qu’applicable aux choses en général, elle est absurde au sein des sociétés puisque ces dernières sont la mise en pratique de la loi de solidarité et d’appui mutuel qui en est le contraire. Nous démontrerons, enfin, que la société actuelle, loin de favoriser les plus aptes, les mieux doués, ne réserve, au contraire, ses jouissances que pour une classe avachie et épuisée ; que cette pénurie de vivres, sur la-