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de reconnaître dans son compagnon de chaîne ; cet idéal il croit le retrouver dans de nouvelles relations ; arrive le moment psychologique où il peut posséder ce nouvel idéal, qui le satisfait, le fixe, ou bien le désillusionne, mais ayant toujours pour effet, de le détacher d’autant plus de son premier choix.

Du jour où l’homme et la femme ne se sentiront plus enchaînés de par la loi et les convenances, celui qui aimera, voudra s’assurer la durée de la possession de l’objet aimé ; il comprendra qu’il doit continuer, envers lui les soins, les prévenances qu’il a employés pour en faire la conquête ; qu’il doit continuer à l’emporter sur ses rivaux, s’il veut toujours être aimé lui-même. Au plus aimant de savoir prolonger l’amour qu’il a su inspirer. Cela ne peut être qu’utile à l’évolution morale et physique de l’espèce.


D’un autre côté, lorsque la femme ne sera plus forcée de se vendre pour manger ou pour se procurer le luxe qu’elle convoite, elle choisira chez celui qu’elle aura élu, les qualités qu’elle préfère, et la constance est une de celles-là. Ordinairement aussi, elle est plus stable dans ses affections, elle fera donc aussi son possible pour s’attacher son amant.

D’autre part, lorsqu’ils ont vécu un certain laps de temps ensemble, l’homme et la femme éprouvent un sentiment d’estime et d’affection qui survit aux élans passionnés de la première possession, et leur fait négliger les passionnettes d’aventure. Si la monogamie est le but de l’évolution humaine, il n’y a que la liberté la plus complète qui puisse l’y conduire. L’épreuve est faite de la compression.

Il se peut que, alors qu’il est jeune, ardent, plein