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tous, mensonges sur lesquels tout le monde ferme les yeux, pourvu que l’on évite le scandale ?

Le mariage actuel est une école de mensonge et d’hypocrisie. L’adultère est son corollaire indispensable, comme le lupanar est l’accompagnement obligé de cette fausse pudeur qui veut que l’on rougisse en parlant de l’acte sexuel. On se cache d’éprouver le besoin de l’accomplir, mais on tourne à l’ignoble lorsqu’on se croit caché.

Parce qu’une femme a eu des relations avec un homme, la morale courante voudrait qu’elle fût condamnée à n’avoir des relations qu’avec lui. Pourquoi ? S’ils se sont trompés l’un ou l’autre, ne peuvent-ils pas chercher mieux ? C’est la porte ouverte au libertinage, répond-on. — Regardez donc votre société, tas de malheureux !

Nous avons cité le cas des filles séduites qui ne trouvent rien de mieux, ensuite, pour cacher leur prétendue faute, que l’avortement et l’infanticide. Et, pour un cas où l’adultère fait scandale, combien en voyons-nous autour de nous, qui vont leur petit bonhomme de chemin, sous l’œil curieux des voisins. Lorsque la femme aime, nous la prenons comme exemple, puisque c’est elle qui a davantage à en craindre les suites, elle se moque des lois, de l’opinion, et de tout le reste. Si donc, on ne peut entraver un sentiment que des siècles et des siècles de compression ont bien pu forcer à se dissimuler, mais non empêcher, laissons-le donc s’épancher librement, nous y gagnerons toujours la franchise et la bonne foi dans nos relations, ce qui serait une véritable amélioration.