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La société étant débarrassée de toutes ses entraves économiques, les relations sexuelles redeviendront plus naturelles et plus franches, en reprenant leur caractère : « l’entente libre de deux êtres libres. » L’homme ne cherchera plus une dot ou des moyens d’avancement, la femme un entreteneur. Lorsqu’elle fera choix d’un compagnon, elle consultera davantage si le mâle préféré répond à son idéal esthétique et éthique, que s’il est capable de lui assurer une vie de luxe et d’oisiveté. Quand l’homme choisira une compagne, il recherchera chez elle des qualités morales et physiques plutôt que des « espérances » ; quelques milliers de francs de plus dans la corbeille ne lui feront pas fermer les yeux sur les « taches » des quatrièmes pages des journaux.


On objecte que, s’il n’y a plus de frein pour modérer le libertinage dans les relations sexuelles, il arrivera que les unions n’auront plus aucune stabilité. Nous sommes à même, tous, de voir dans la société actuelle que les lois répressives n’ont aucune valeur pour l’empêcher. Nous sommes même certains qu’elles contribuent pour une bonne part aux zizanies conjugales, pourquoi donc vouloir s’entêter à réglementer ce qui est incompressible ? Ne vaut-il pas mieux laisser les individus libres, pouvant ainsi conserver des égards l’un pour l’autre ; lorsqu’ils ne seront plus forcés de se supporter, au lieu que la contrainte en fait, parfois, des adversaires féroces ? Trouve-t-on qu’il soit plus digne, comme cela se voit actuellement, que monsieur ait des maîtresses en ville, madame des amants, que chacun se « trompe » au su de