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trouve être une madame X. à la mairie, et la madame B. une madame Z. légale.

Cela est devenu si général que les bourgeois, quoi qu’ils en aient, ont dû inscrire le divorce dans leur code. Aujourd’hui celui qui veut se passer de la consécration officielle pour son union libre, arrive à l’imposer à son entourage et à se faire respecter. L’opinion publique commence à trouver l’union librement consentie, aussi valable que l’autre, et si la consécration officielle ne peut disparaître qu’avec les autres institutions sociales, car la propriété repose sur elle, les lois de l’héritage exigeant que la famille soit légale bien délimitée, et tenue en bride afin que la fortune ne se disperse pas, elle n’en a pas moins reçu le coup fatal du jour où le législateur a dû enregistrer les cas où elle pouvait être dissoute.


N’était-il pas insensé, en effet, de vouloir forcer deux individus à passer leur vie ensemble, alors qu’ils se rendaient mutuellement la vie insupportable.

Parce que, dans le premier feu de la jeunesse, ils s’étaient plu, deux individus, mâle et femelle, étaient, de par la loi, forcés de terminer leur carrière ensemble, sans jamais pouvoir rompre cette chaîne. Si la vie leur était trop insupportable, et que chacun voulût reprendre sa liberté d’allure, ce n’était qu’en se mettant en marge du Code et sans pouvoir faire reconnaître sa nouvelle famille comme valable, quelles que fussent ses préférences. Il était forcé de cacher comme une tare l’irrégularité légale de sa situation, l’opinion publique étant aussi bête que la loi.

Malheur à qui s’était trompé dans son choix, ou qui s’était laissé engluer sous l’amabilité de sourires