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les mobiles de son activité et fait, par conséquent, partie de la production sociale. Là, encore, ce seront les affinités, les similitudes de goûts qui guideront les individus et les grouperont pour les relations à établir, en vue de s’en assurer la satisfaction.


Les défenseurs de l’autorité voient, dans la multiplicité des tempéraments et des variétés d’aptitudes qui existent parmi les hommes, un sujet de crainte pour l’harmonie et la bonne entente, tandis que, en réalité, c’est cette diversité de goûts et d’aptitudes qui permettra aux individus d’évoluer librement. S’ils avaient tous les mêmes besoins, il pourrait se faire qu’ils eussent à se disputer la place et la pitance ; variant de goûts et de mode d’activité, l’un fera ses délices de ce qui serait une gêne pour un autre.

Dans la société de l’avenir on continuera donc de produire ce qui ne sert qu’à la récréation de l’homme ; son éducation et les progrès acquis, lui feront, seulement, en rechercher de plus élevés que les paris sur les combats de coqs, ou le plus ou moins de vélocité d’un cheval que l’on est forcé de soigner comme une petite maîtresse, pendant des mois entiers pour le faire courir un quart d’heure.

Nous prenons l’homme tel qu’il est, avec toutes ses imperfections, son goût faussé par l’ignorance et les préjugés. Nous attendons seulement de l’évolution pour que ses goûts deviennent plus simples, plus affinés, plus esthétiques, et perdent enfin cet amour du clinquant et des colifichets qui distingue l’homme sauvage, et se retrouvent, transformés mais non disparus chez l’homme de la civilisation inférieure d’aujourd’hui.