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les atrocités que l’on commet journellement « au nom de la Société. » L’on fait accepter à l’individu comme une nécessité de l’état social, ce qui n’est que le résultat de l’asservissement d’une classe sous l’arbitraire d’une autre caste.

Mais si l’homme ne peut vivre isolé, s’il ne peut s’affranchir des obstacles que lui créent les conditions précaires d’existence dans lesquelles il se meut, qu’en associant ses forces à celles de ses semblables ; si son tempérament, ses goûts, son intérêt, son développement intellectuel le poussent à l’association, il est évident que, pour être durable, cette association doit se faire dans des conditions d’égalité parfaite entre tous les contractants. Elle ne devra laisser subsister dans son sein aucun privilège. Si elle veut conserver et rendre facile l’entente parmi ses membres, elle ne devra pas en armer certains, de prérogatives qui mettraient artificiellement ceux qui en bénéficieraient au-dessus des autres. Les hommes devront s’entendre pour « harmoniser » leurs efforts, ils devront agir en « commun. »


Pour désigner l’ordre social que nous entendons, le mot « communisme » n’est donc pas déplacé, pas plus que celui d’« anarchie » désignant la somme complète de liberté que nous réclamons, et les deux mots accouplés indiquent que nous en appelons à la raison des individus, pour juger d’eux-mêmes, dans quelles limites doivent se mouvoir leur liberté et leur solidarité !

Nous pensons, par tout ce qui a été dit jusqu’à présent, avoir répondu d’avance à l’objection de ceux qui semblent craindre que, s’il n’y a d’autorité dans la société future, les individus ne seront jamais assu-