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Cet aveu n’est pas isolé, il y en a d’autres, écoutons :

«… Le Darwinisme est tout, plutôt que socialiste… Si l’on veut lui attribuer une tendance politique, cette tendance ne saurait être qu’aristocratique. La théorie de la sélection n’enseigne-t-elle pas que, dans la vie de l’humanité comme dans celle des plantes et des animaux — partout et toujours une faible minorité privilégiée parvient seule à vivre et à se développer, l’immense majorité, au contraire, pâtit et succombe plus ou moins prématurément. La cruelle lutte pour l’existence sévit partout. Seul le petit nombre élu des plus forts ou des plus aptes, est en état de soutenir victorieusement cette concurrence.

« La grande majorité des concurrents malheureux doit nécessairement périr. La sélection des élus est liée à la défaite ou à la perte du grand nombre des êtres qui ont survécu…. » Haeckel (cité par E. Gautier dans le Darwinisme social.)

Cette fois-ci, crève la faim et miséreux, on ne vous l’envoie pas dire : le développement de la bourgeoisie entraîne fatalement la perte des prolétaires, sinon du prolétariat ; chaque jouissance nouvelle apportée par la science à la bourgeoisie correspond à une souffrance nouvelle pour les travailleurs. Pour que l’existence de la bourgeoisie soit assurée, il faut qu’elle ait rivé définitivement le prolétariat sous le joug où elle le tient courbé. Ce n’est pas nous qui le lui faisons dire, c’est M. Haeckel, un bourgeois, un savant qui doit savoir ce qu’il dit, puisqu’il a étudié pour cela.

N’est-il pas révoltant de voir les bourgeois étaler