Page:Grave - La Société future.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

diminuées ; ensuite chacun sait que l’on ne fait bien que ce que l’on fait volontairement. Le seul fait que l’individu recherche telle besogne, est l’indice qu’il éprouve déjà des aptitudes à la pratiquer. Et au cas où il s’égarerait dans ses dispositions, les conseils de ses coassociés ne lui feraient pas défaut ; si son inhabileté était par trop évidente, l’inanité des résultats de ses efforts ferait plus que toute autre chose pour l’engager à ne pas continuer.

Comme on le voit, le travail peut s’accomplir sans discussions, sans tiraillements, sans acrimonie, à la satisfaction de tous. Il suffit de placer les individus dans des conditions parfaites de liberté et d’égalité, pour obtenir l’harmonie, ce but idéal de l’humanité.

Quand, pour une cause ou une autre, un ou plusieurs individus ne peuvent s’accorder davantage dans le groupement par eux choisi, nous l’avons vu, rien ne les y attache ; ils sont libres d’en sortir pour aller au groupe qui répondrait mieux à leur nouvelle façon de concevoir les choses. « Faute d’un moine, l’abbaye ne chôme pas », dit le proverbe, et il est vrai pour quelque groupement que ce soit.

Si, par hasard, il n’existait pas de groupement répondant aux aspirations de l’individu, ce serait à lui de chercher d’autres individus, capables de le comprendre, d’éprouver, eux aussi, ses aspirations, et de l’aider à la réalisation de son idéal.

Toute façon de penser, tout caractère, à moins qu’il ne soit tout à fait biscornu, trouve toujours avec qui sympathiser. Les caractères biscornus ne sont que des exceptions et la société n’est, ou du moins ne doit être faite, qu’en vue des caractères sociables. Il s’ensuit que l’on n’a pas à faire des lois d’excep-