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pas à en décider quelques-uns qui consentissent à mettre les novices au courant de leurs procédés ; à moins d’être absolument loufoque, un projet, quel qu’il soit, trouve toujours des partisans. On ne ferait plus appel à l’argent des individus, c’est leur part de travail et d’efforts qu’on leur demanderait. Aujourd’hui, il suffit d’avoir de l’argent pour mettre en mouvement les forces sociales sur le projet le plus absurde. Dans la société de demain, ne s’emploieront à une besogne que ceux qui l’auront adoptée en projet.

Comme nous l’avons vu pour les routes, chemins de fer, etc., l’intérêt individuel n’étant plus en jeu, toutes les considérations accessoires étant écartées, l’entente serait facile. Mais, là encore, nous voulons bien admettre que les individus fussent assez absurdes pour ne pas s’entendre, nous nous trouverions en face des mêmes difficultés qui devraient se résoudre de même.

La logique nous dit que l’intérêt personnel — ce moteur de toutes divisions et de toutes chicanes par son antagonisme avec les autres intérêts personnels, — ayant disparu des relations sociales, les différences ne pourront résulter que de la manière de concevoir et d’envisager les choses ; les petites différences d’appréciation pourront s’amender, disparaître dans les discussions qui pourront s’engager à ce sujet : il ne resterait donc en présence que les divergences trop accentuées pour se fondre en un accord mutuel. Alors, le besoin, ce moteur universel, plus fort que toutes les petites questions d’amour-propre et de vanité, ne tarderait pas à amener les individus à des dispositions plus raisonnables. Sinon, nous l’avons dit, c’est que les individus seraient en régression, et alors l’homme