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concours à l’individu qui, par mauvaise volonté ou autre motif, ne voudrait plus se plier à la discipline préalablement convenue dans l’entente qui aurait présidé à la division du travail. Nous étudierons cela plus loin.


Les partisans de l’autorité objectent que, les hommes étant trop corrompus par l’éducation actuelle, trop pervertis par les préjugés de plusieurs milliers de siècles, ils ne seront pas assez sages, ni assez améliorés pour qu’on puisse les laisser libres de s’organiser à leur volonté, qu’ils auront besoin d’un pouvoir régulateur pour les maintenir chacun dans les limites de leur droit.

« Les hommes ne seront pas assez sages pour savoir se conduire ! » Le raisonnement est admirable d’illogisme. Et, pour parer à ce danger, on ne trouve rien de mieux que de mettre à leur tête, qui ? — d’autres hommes ! plus intelligents sans doute ? — cela se peut, mais n’est pas certain — mais qui n’en auront pas moins leur part de ces préjugés et de ces vices que l’on reproche à l’ensemble ; c’est-à-dire que, au lieu de noyer ces préjugés et ces vices dans la masse, au lieu de chercher à tirer du concours de tous, en laissant chacun libre, cette étincelle de vérité qui pourrait éclairer la route de l’avenir, on veut incarner la société entière en quelques individus qui guideraient cette société, selon le plus ou moins d’envergure de leurs conceptions propres.

Et puis, qui choisirait ces chefs ?

Nous ne supposons pas que les admirateurs de l’autorité viendront nous dire qu’ils se choisiront eux-mêmes. Certains, fortement imbus de leur propre