Page:Grave - La Société future.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que l’on songe que, dans la société que nous entendons, il n’y aurait pas de bénéfices particuliers à retirer d’aucune entreprise, pas d’opérations commerciales à mener, pas d’opérations lucratives à échafauder. Les individus se seraient groupés pour mener à bonne fin telle œuvre déterminée, produire tel objet convenu, soit pour l’usage de chacun des coparticipants, soit pour être mis à la disposition de tels groupes ou individus, avec lesquels le groupe en question serait en relation d’amitié ou d’échange.

Dans chaque groupement les individus y seraient sur le pied de la plus parfaite égalité, libres d’en sortir quand il leur conviendrait, n’y ayant pas de capitaux d’engagés. Chacun y apporterait la part de travail convenue d’avance et n’aurait pas de motif pour la refuser puisque lui-même l’aurait choisie. Pas de divisions sur la question de salaires, le salariat étant supprimé.

En définitive l’individu ne sera attaché au groupe que par le plaisir qu’il y trouvera, par les facilités que celui-ci lui fournira dans la satisfaction de ses besoins. Il pourra être attiré dans ce groupe, peut-être par le besoin d’avantages que ce groupe sera seul à lui fournir, ou capable de lui fournir dans des conditions plus agréables que d’autres ; peut-être aussi, pourra-t-il y être attiré par le seul besoin d’y exercer des aptitudes spéciales qui seront hautement appréciées par les individus formant ce groupe. Quantités de mobiles différents peuvent conduire plusieurs individus au même but.

De même que l’individu pourra se soustraire aux actes arbitraires que l’on voudrait lui imposer au nom du groupe, de même le groupe pourra refuser son