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Si leur division empêchait le projet d’aboutir, le besoin du travail projeté ne tarderait pas à ramener la majorité[1] à des idées plus conciliatrices et à chercher des moyens d’entente pour agir. Si chaque fraction était assez forte pour mettre son projet à exécution — chose fort peu probable, car des travaux de ce genre ne s’entreprennent pas pour le simple désir de satisfaire des préférences personnelles, — l’intérêt commun serait encore ici le meilleur conciliateur ; les divisions, du reste, ne porteraient que sur des points de détail, qui pourraient prêter matière à des concessions mutuelles.

Mais allons jusqu’à l’absurde, supposons que chaque groupe soit assez entiché de son projet, et assez puissant pour l’exécuter quand même. Encore une fois, l’intérêt individuel étant écarté, si leurs travaux avaient des points de contact, des tronçons empruntant le même terrain, ils auraient à s’entendre, entre eux, pour le travail sur ces parties communes, et agiraient chacun à leur guise, pour ce qui leur serait particulier, et il y aura deux routes au lieu d’une. Qui pourrait s’en plaindre ?

Nous avons, ici, en vue, une division qui se serait établie sur le tracé, la seule qui puisse exister, car s’il ne s’agissait que de divergences de conceptions dans la méthode, dans les façons de travailler, ou d’arrangement intérieur des groupes, cela n’aurait rien à voir avec le travail lui-même, chaque groupe resterait libre

  1. Ici on nous dira, que se rétablit la loi des majorités que nous repoussons ailleurs. Hélas ! nous savons bien que la majorité n’est pas toujours le critérium du vrai, mais nous ne pouvons avoir la prétention d’aller plus vite que l’évolution. Pourvu que la majorité laisse, à son tour, la minorité agir à sa guise, nous ne pouvons demander davantage.