Page:Grave - La Société future.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jourd’hui à l’individu n’est pas de se rendre utile à l’humanité, mais d’arriver par n’importe quel moyen à se tailler une situation économique qui lui permette de vivre à rien faire. — Aux dépens de qui, cela importe peu au capitaliste, pourvu que les rentes soient payées, il ne s’inquiète guère de savoir sur qui elles sont prélevées.

Or, dans la société que nous voulons, le mobile de l’activité humaine doit être déplacé. L’idéal ne doit plus être le parasitisme, mais l’ambition de se créer soi-même ses jouissances. L’orgueil de l’homme ne doit plus être d’énumérer le nombre d’esclaves qu’il exploite, mais de prouver qu’il n’y a pas une jouissance qu’il ne soit capable d’acquérir par ses propres forces. De ce fait, tout le travail inutile qu’impose l’organisation sociale actuelle sera transformé en travail productif et contribuera d’autant à la production générale au lieu de vivre sur elle.

Tout ce qui constitue l’armée, la bureaucratie, la foule innombrable de domestiques des deux sexes, la police, la magistrature, la législature, tous ces emplois parasitaires n’ayant d’autre fonction et d’autre utilité que la bonne marche de l’organisation actuelle, ou de satisfaire aux caprices et au service personnel des exploiteurs ou d’en assurer la défense, seraient tous relevés de leur inutilité sociale et rendus à leur propre initiative, à leur activité personnelle qui les porteraient à travailler à leur propre jouissance.

Tous ces fonctionnaires, tous ces employés et comptables qui passent leur vie à paperasser dans les bureaux, perdant leur temps et faisant perdre celui du public, parce que le capitaliste ou l’État ont besoin de savoir où ils en sont de leurs opérations sans que