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ceptibilité des uns, les espérances des autres, créant des mécontents, mais aussi des satisfaits et des intérêts nouveaux autour d’elle qui, se resserrant autour de cette nouvelle autorité, s’en servirait pour réduire les premiers, ne leur laissant d’autre porte de sortie qu’une révolution nouvelle.

Au contraire, en laissant les groupes libres de leur organisation, tel groupe qui ne se trouverait plus en rapport avec les développements de la société, pourrait se réorganiser sur de nouvelles bases ; les individus faisant partie de ce groupe, pourraient, si ce groupe ne répondait plus à leurs aspirations, le quitter pour entrer dans un autre qui répondrait mieux à leurs nouvelles conceptions ou en former un nouveau, selon leur manière de voir ; cela sans amener de perturbation dans la société ; car ces changements auraient lieu partiellement et par degrés, tandis que la centralisation imposée exige toujours une révolution pour changer le moindre de ses rouages.

La marche de l’humanité ne nous présenterait plus ainsi qu’une évolution continuelle qui nous conduirait sans arrêts, sans à-coups, au but que nous envisageons tous : le bonheur de chacun… — Mais dans le bonheur commun, ajouterons-nous.


On voit par ce qui précède que, loin de vouloir faire sauter à tous moments et hors propos, ceux qui ne seraient pas de notre avis, nous ne demandons, au contraire, que le droit[1] ou plutôt la latitude d’exercer ce droit naturel inhérent à notre existence. Que

  1. Le droit nous n’avons pas besoin qu’on nous l’accorde, nous savons le prendre au besoin, c’est la possibilité de l’exercer que nous voulons.