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une dictature quelle qu’elle soit. « Il restera, » dit-on, « des bourgeois qui pourraient être un danger pour le nouvel état de choses, c’est leur existence qui nécessitera l’établissement de cette dictature ».

Très bien ; on établira un pouvoir pour réduire à l’impuissance ceux qui voudraient ramener la société en arrière. Rien de mieux. Mais ce pouvoir, une fois établi, qui l’empêchera de faire la guerre à ceux qui voudront marcher en avant ? — Portés au pouvoir pour faire la guerre aux individus mécontents de la situation par vous créée, qui saura faire la différence entre ces mécontents ? de ceux qui voudront pire et de ceux qui voudront mieux ?

Allons donc ! cette dictature est par trop élastique, nous n’en voulons pas. Pour nous, partisans de la liberté vraie, nous considérons que le mauvais vouloir de quelques individus isolés dans la société ne justifie pas la réglementation de tous. Privés de ce qui fait leur force aujourd’hui : capital, autorité, la mauvaise volonté des bourgeois ne saurait être un danger pour personne. Un pouvoir à la tête de la société serait un danger pour tous.

Et puis, sérieusement, croit-on qu’une transformation sociale, devant arracher la propriété des mains de la minorité, puisse s’établir sans avoir à passer par les tâtonnements que l’on prévoit pour la société anarchiste ? — Assurément non. Puis, avantage pour ce dernier, pendant qu’il irait, en tâtonnant c’est vrai, mais librement du moins, laissant à chaque caractère, à chaque tempérament, la faculté d’évoluer, selon sa conception, en développant son initiative, l’organisation centralisée, avec sa prétention d’établir un système unique, irait, heurtant de front, la sus-