Page:Grave - La Société future.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.

être aussi producteur que le travail manuel, nous ne voulons pas exalter l’un aux dépens de l’autre. Chaque manifestation de l’individualité humaine est utile à la bonne marche de l’humanité, toutes doivent avoir leur place dans la société que nous voulons. Mais défions-nous des arguties des partisans du distinguo.

À quoi nous servirait de jeter une aristocratie par dessus bord, si nous nous empressions d’en élever une autre à sa place ? En serions-nous plus avancés ?

« Nous serions conduits par nos égaux », nous dit-on. Ils ne le seraient plus du jour où nous leur aurions donné le droit de nous commander. Et qu’importe qui dicte l’ordre, quand celui qui le reçoit n’a plus qu’à obéir ?

Ah ! ce qui pèse aujourd’hui si lourdement sur nos épaules, ce n’est pas le petit nombre de patrons et de propriétaires qui vit de notre travail. Si la misère étreint, à l’heure actuelle, tant de travailleurs ce n’est pas tant que la propriété appartient à quelques individus, mais c’est surtout parce que ces individus ont besoin de tout un système d’organisation hiérarchique qui entraîne, avec lui, la création d’une foule d’emplois inutiles qui, tous, pèsent sur le producteur et pour lesquels ce dernier est forcé de travailler. Qu’importe que l’on nous change les noms, qu’importe la façon de recruter le personnel, si la charge nous reste sur les épaules ?


Si le peuple réussit à faire sa révolution, en s’emparant de la propriété, avons-nous dit, les classes devront, par le fait, être abolies ? Et alors, nous ne voyons plus la nécessité d’exercer, à leur encontre,