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Nous devons combattre, de toutes nos forces, une pareille dictature, cent fois plus terrible, dans ses effets, que toutes celles qui ont pu exister jusqu’à présent. Le peuple ne ferait qu’imposer ce qui lui serait dicté par ses maîtres, alors qu’il croirait imposer ses propres volontés. Pas une mesure dont il demanderait l’application qui ne lui fût suggérée par ceux qui en auraient besoin pour le mater.


De plus, les individus que l’on aurait arrachés à l’atelier[1] ne pourront plus produire, forcés, qu’ils seront, de donner tout leur temps à l’exercice de cette dictature. Ils deviendront donc, par ce fait, des bourgeois ? La première chose qu’ils auraient à faire, selon nous, pour inaugurer leurs fonctions, serait de se supprimer eux-mêmes.

À cela, on nous répondra que, exerçant cette dictature de par la volonté de leurs camarades, et au profit du bien-être général, leur production, pour n’être pas matérielle, n’en serait pas moins effective, puisqu’ils contribueraient à la bonne marche de l’ordre social. Que les facultés productrices, du reste, ne se bornent pas à ouvrer des objets, et que le savant qui résout un problème d’algèbre, de physique ou de psychologie, est producteur au même titre que celui qui a cultivé un champ, tourné une pièce mécanique ou fabriqué une paire de bottes. Qu’ils ont droit à une rétribution, quel que soit le mode de leur activité.

Certes, nous savons que le travail cérébral peut

  1. Nous supposons que ce soient des ouvriers que l’on aura pris pour « dictaturer ».