geoisie », nous répond-on. — Très bien ; mais comment exercera-t-on cette « dictature de classe » au lendemain d’une révolution[1] qui, pour avoir réussi, aura dû avoir, pour effet, justement, de faire disparaître toutes les inégalités sociales ?…
Nous avons beau creuser ce problème, nous ne pouvons en tirer qu’une conclusion. — En agitant devant l’imagination des travailleurs, le spectre bourgeois, on veut les habituer à n’être qu’une masse aveugle, inconsciente, recevant le mot d’ordre de certaines têtes de colonnes ; on voudrait les habituer à n’agir que d’après une impulsion donnée par un centre directeur, sans permettre la moindre initiative personnelle ; on préparerait ainsi l’avénement de tout un système dictatorial que personne n’aurait à discuter, que l’on imposerait, à tous, au lendemain de la révolution.
Cela est bien calculé ; avec ce système, le gouvernement officiel pourrait, à la rigueur, se faire humble, soumis, faire semblant de ne marcher que d’après les « désirs du peuple ». Pas besoin en apparence, de police et d’armée officielles, ces moyens coercitifs lui seraient spontanément fournis par ce bon populo, toujours généreux. N’aurait-on pas en main toutes les forces vives de la Révolution, habituées à exécuter, sans discuter, les ordres suggérés par les comités directeurs anonymes ! La dictature de l’Hôtel-de-Ville pourrait se faire paterne et doucereuse, nous en aurions une, insaisissable et toujours renaissante dans nos rangs.
- ↑ Les autoritaires, eux, admettent la transformation sociale brusquement opérée par une révolution. Ils en font la raison de l’autorité qu’ils veulent établir.