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pas le produit exclusif de son seul travail. Métal, bois, fruit, viande, etc., pour avoir subi le travail de l’homme, et s’en être incorporé la valeur, n’en possédaient pas moins, auparavant, une valeur intrinsèque qu’ils tenaient des seules forces naturelles toujours actives sur notre globe terraqué ; libre combinaison chimique des éléments constitutifs qui se trouvent épars dans la terre, l’air et l’eau. Il s’ensuit que celui qui s’empare des produits naturels pour en trafiquer, s’empare d’une valeur qui ne lui appartient pas, car il ne peut le faire qu’en vertu du droit de propriété, droit fictif, artificiel, qui lui permet de détenir une portion de notre globe, en vertu de contrats non consentis, droit qui prend sa source dans la force brutale, la conquête, la spoliation, le vol et la fraude.

Celui qui s’empare de ce qui ne lui est pas d’une nécessité immédiate commet un vol au détriment de celui qui en a besoin. L’on peut nommer bénéfice le profit que tire l’intermédiaire de ses services, si l’accumulation desdits bénéfices lui permet de thésauriser, ce bénéfice n’en est pas moins un vol qu’il commet au détriment de ceux qui ont recours à ses services.

La propriété et la valeur ne sont pas des « lois naturelles », mais des conséquences arbitraires d’une organisation sociale vicieuse, et les conclusions des économistes qui leur paraissaient si logiques manquent de bases. Ce que le capital tire — sous le nom de rente ou d’intérêt — des moyens de production qu’il s’est accaparé, ne se justifie que par la légitimation d’un premier vol. Quand ils auront prouvé le droit d’appropriation, ils auront encore à prouver le droit d’exploitation, mais, jusqu’à présent, comme