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ce fut un joli moyen d’exploitation que l’on avait trouvé là.

Aussi ne tarda-t-il pas à devenir insuffisant. Dépecée, une vache conserve bien encore une certaine valeur marchande, mais elle ne reste pas, sous cette forme, indéfiniment échangeable ; et une femme, un esclave, quelle que soit leur valeur sur pied, bien vivants, ils n’en ont plus si on s’amuse à les fragmenter ; il fallait trouver une valeur représentative plus pratique, qui pût se diviser, rester incorruptible, tout en changeant indéfiniment de mains, et on en arriva, ainsi, aux coquillages, aux instruments de guerre ou aratoires, aux métaux plus ou moins précieux, puis, après bien des essais, des tâtonnements, à la monnaie d’or, d’argent ou de cuivre, frappée à une effigie quelconque, avec une valeur plus ou moins fixe qui devait, dorénavant, servir de base aux transactions.

Les progrès s’étant continués, les opérations commerciales s’étant faites sur des quantités considérables d’objets, il a fallu trouver des valeurs représentatives de ces monnaies — valeurs représentatives, elles-mêmes, déjà — plus facilement transportables, et moins encombrantes : les billets de banque, chèques, traites, actions et autres valeurs, ont fait leur apparition. Nous verrons plus loin que cela a compliqué les échanges sous prétexte de les simplifier et a servi, à ceux qui avaient déjà réussi à imposer leur exploitation, à tromper ceux auxquels ils servaient d’intermédiaire, et à prélever, à leur profit, sous le titre de « bénéfice, » la part de valeur dont ils frustraient producteurs et acheteurs.


Mais, tout ce qui sert à l’usage de l’homme, n’est