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en aide à ses semblables, cela ne peut être que par intermittences, et non une pratique continue.

C’est cette théorie funeste, exaltée par le christianisme qui a assuré le règne de l’autorité en façonnant les caractères à se ployer sous l’exploitation de maîtres qu’ils croyaient envoyés par Dieu, en habituant les individus à souffrir sur cette terre, pour gagner la béatitude dans le ciel.


L’homme n’est pas la brute décrite par les théoriciens de l’égoïsme, il n’est pas non plus l’ange prêché par l’altruisme, qualité, du reste, qui ne pourrait lui être que funeste, car ce serait le sacrifice des meilleurs au profit des plus mauvais. Si les individus devaient se sacrifier les uns pour les autres, en fin de compte ce seraient ceux qui ne penseraient qu’à leur propre individualité qui bénéficieraient de cet état de choses et survivraient seuls. L’individu ne doit pas plus se sacrifier à qui que ce soit, qu’il n’a le droit d’exiger le sacrifice d’un autre. Voilà ce qu’on oublie et qui éclaire tout autrement la question.

L’individu, de par le fait de son existence, a le droit de vivre, de se développer et d’évoluer. Les privilégiés peuvent bien lui contester ce droit, le lui limiter, mais plus l’individu devient conscient de lui-même, plus il entend user de son droit, plus il regimbe sous le frein qu’on lui a mis.

S’il était seul dans l’univers, l’individu aurait le droit d’user et d’abuser de tous ses droits, de jouir de tous les produits de la nature sans aucune restriction, sans aucune limite, n’ayant à s’occuper que des conséquences possibles qu’entraînerait pour lui l’usage de cet abus.