Page:Grave - La Société future.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ges, dits scientifiques, aux frais des contribuables, parce qu’ils ont pondu d’énormes bouquins traitant de questions si arides et cela dans un pathos qui n’aide pas à la compréhension, ou bien encore parce que, du haut d’une chaire officielle, et aux frais des contribuables, toujours, ils sont chargés de légitimer l’exploitation des faibles par les puissants, ces messieurs se proclament « hommes supérieurs », se croient l’élite de l’humanité !

Or, un homme peut traiter de questions abstraites, les comprendre et se faire comprendre, et n’apporter, dans la solution de ces questions, que les mêmes aptitudes qu’un autre individu aura apportées dans un autre ordre d’idées qui passent pour moins relevées.

Le chimiste qui, dans son laboratoire, analyse les corps, les sépare les uns des autres, peut n’avoir déployé que le même degré d’observation du paysan qui aménage sa terre selon la récolte qu’il veut en tirer. L’agriculteur qui, dans sa pratique, s’aperçoit que telle plante vient mieux sur tel terrain, peut avoir déployé autant de facultés d’observation, d’esprit d’analyse et de déduction que le chimiste qui découvre que tels corps mélangés en telles proportions donnent naissance à des propriétés nouvelles. Affaire de milieu, affaire d’éducation.

Le paysan pourra être incapable de comprendre un problème de physiologie résolu par le savant, mais ce dernier pourra être tout aussi incapable d’élever du bétail ou de savoir tirer parti d’un champ. Ergotez là-dessus tant que vous voudrez, évaluez la science du savant bien au-dessus de celle du paysan, nous vous accordons tout cela, mais n’empêche que si le savant aide au progrès intellectuel de l’humanité, le paysan