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se rattrape sur les jouissances matérielles. Si donc, la société fournit à tous, la facilité d’acquérir, chacun dans leur genre, et selon leur activité, la jouissance de ce qu’ils pourront préférer, que faut-il de plus ? N’est-ce pas là, la véritable rétribution équitable de « à chacun selon ses œuvres ». Justice distributive qu’aucun sociologue n’a pu trouver pour justifier un système de répartition quelconque.

« L’homme intelligent a besoin de jouissances esthétiques plus raffinées que la brute », ajoute-t-on. — Mais la nature même de ces jouissances fera qu’il aura d’autant plus de facilités à se les procurer, qu’elles ne lui seront pas disputées par ceux auxquels elles ne diront rien. C’est dans l’exercice même de son intelligence que l’homme vraiment intelligent trouvera sa récompense ; c’est dans la poursuite de ses travaux que le savant trouvera la jouissance que l’on veut lui réserver ; c’est dans l’étude et les recherches que les studieux trouveront l’émulation que ne saurait leur donner un capital dont ils ne sauront que faire.

Sont-ce vraiment des savants, ceux qui ont besoin d’habits brodés dans le dos et de morceaux de ferblanterie sur le ventre pour prix de « leurs travaux » ?


Nous venons de le voir, si la société doit à l’homme intelligent, l’homme intelligent doit à la société. S’il a un cerveau qui peut s’adapter beaucoup de choses, il le doit aux générations qui ont accumulé et développé les aptitudes qui l’animent. S’il peut mettre ces aptitudes en jeu, c’est grâce à la société qui, en conservant et en accumulant l’outillage qui permet de réduire le temps nécessaire à la lutte pour l’existence,