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qu’ils ne sauraient produire eux-mêmes, ils auront à s’entendre avec ceux capables de le leur fournir, ils tâcheront d’organiser un échange de services où chacun puisse trouver son compte, et cela se peut toujours lorsqu’on veut, tandis que, dans la société actuelle, on peut être doué des meilleures dispositions, avoir la plus forte volonté d’utiliser ses facultés, la société ne veut pas toujours de vos services, et ceux qui ont le capital, n’ont pas, eux, toujours la volonté d’apprendre. Certes, dans la société future, tout ce que l’on désirera ne viendra pas tout seul, comme avec le capital, à la première réquisition. Il ne suffira pas de dire : je veux ceci, pour que vous l’ayez à vos pieds ; les individus auront à s’ingénier, à travailler, pour réaliser leurs conceptions : mais ils seront sûrs, au moins, que la société ne leur apportera aucune entrave : vouloir et agir, seront les deux nouveaux leviers qui devront remplacer le capital dans la réalisation des desiderata individuels.


« L’homme intelligent apportant davantage à la société, a droit à de plus grandes jouissances », nous dit-on. Quelle absurdité, à tous les points de vue. Nous venons de voir qu’il doit, tout au moins, autant à la société qu’il peut lui apporter, mais a-t-il un plus grand ventre que l’homme « pas intelligent » ? a-t-il davantage de bouches, une plus grande puissance digestive, tient-il plus de place lorsqu’il se couche, sa puissance de consommation est-elle décuplée, selon ses connaissances acquises ?

Ordinairement, c’est tout le contraire, c’est celui auquel sont fermées les jouissances intellectuelles qui