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ou entravée, avancée ou retardée, elle n’en est pas moins inévitable.

Or, nous l’avons dit en débutant — nous tâcherons de le démontrer plus loin — la Révolution sociale ne peut être l’œuvre de quelques jours. Elle peut durer quelques années seulement, plusieurs générations peut-être ? Qui pourrait le savoir ?

Pour abattre l’état social pourri qui nous écrase, ce serait se créer de cruels mécomptes de s’imaginer que l’on pourrait le transformer du jour au lendemain. Étant donnés toutes les institutions, tous les préjugés que la Révolution aura à abattre, qui pourrait dire quand s’arrêtera la lutte ?

Nous ne voyons la Révolution que sous l’aspect d’une longue suite d’escarmouches et de combats contre l’autorité et le capital ; luttes semées d’alternatives de succès et de revers, de marches en avant, et de régressions qui sembleront vouloir nous reporter aux époques de pire barbarie.

Entravé en un lieu, le Progrès n’en entraînera pas moins la lutte plus loin. Battus aujourd’hui ses partisans sauront tirer les leçons de leur défaite, pour mieux combiner leurs efforts dans une autre série de luttes. Leurs voisins sauront s’inspirer des efforts accomplis pour mieux coordonner les leurs.

Aujourd’hui, c’est un préjugé qui tombe, demain c’est une réaction qui emporte une partie des pionniers du Progrès. Là, c’est une institution qui s’écroule, ici ce sont des lois répressives qui renforcent les pénalités, tout cela c’est la lutte, c’est la Révolution qui poursuit son œuvre, et le résultat est l’élimination graduelle des préjugés, le discrédit s’attachant aux institutions qui nous écrasent, jusqu’au jour où, rui-