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on le spécialiserait dans ces emplois, absolument comme les neutres des abeilles et les fourmis, les guerriers des termites.

Les bourgeois, eux, en dehors de leur famille « légitime, » qui devrait hériter de leur fortune et continuer leur « civilisation, » auraient un harem de femelles ouvrières qui leur procréeraient un tas de bâtards qui seraient le bétail d’atelier, de bureaux et d’armée, tout comme les mères seraient le bétail à plaisir et à production.

Cet idéal n’a rien qui nous séduise. Nous comprenons que les bourgeois nous prêchent le sacrifice de l’individualité à l’évolution de leur système social, mais l’individualité ne veut plus se sacrifier, elle ne veut pas atrophier ses facultés dans l’exercice d’une seule ; elle veut donner libre essor à toutes, en acquérir, au besoin, de nouvelles. Loin de se laisser amoindrir, elle veut se développer, s’amplifier, acquérir la plus grande somme de connaissances dont l’être humain puisse s’imprégner. Oui, la société doit évoluer, non en organisme indépendant qui se développe en dirigeant l’évolution des cellules qui le composent, mais en simple conséquence de l’évolution de l’être humain.


Donc, la société n’a de raison d’être qu’à condition que ceux qui en font partie y trouveront un plus grand développement de bien-être et d’autonomie. Elle n’a qu’un objectif : produire une plus grande somme de jouissances avec une dépense moindre d’efforts. De plus, comme les besoins sont variés, les tempéraments différenciés de mille manières, il s’ensuit que cet état d’association peut revêtir des formes multiples : in-