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vait les disséquer et les analyser, comme on autopsie un cadavre, comme l’on fait une analyse chimique, on retrouverait, pour la plupart, l’intérêt comme première cause de division. Si on les prenait tous, chaque drame passionnel, l’un après l’autre, on y trouverait l’effet d’une mauvaise organisation sociale, l’action d’une loi funeste ; en tous cas, le produit d’une éducation fausse, d’un préjugé inculqué par l’éducation sociale.

Si les individus avaient appris à respecter, non une loi qu’ils ne connaissent que vaguement, mais l’autonomie de leurs semblables qui est tout aussi respectable que leur vie, ils sauraient qu’en empiétant sur cette autonomie, ils risquent de s’attirer des représailles. Si on n’avait pas l’espérance de se mettre à couvert de la vindicte des individus lésés, en sachant se couvrir d’un texte de loi, peut-être verrait-on se produire moins de sévices, d’injures, d’actes d’oppression sur l’individualité humaine ?

Dans les crimes foncièrement passionnels, là où, parfois, certaines gens s’apitoient sur l’agresseur, et qu’acquittent les magistrats de la société actuelle, on pourrait encore trouver l’influence néfaste de la société.

Si les hommes n’étaient, de par le code et les préjugés, habitués à considérer la femme comme un être inférieur, comme une propriété qui devient leur chose, parce qu’elle aura consenti une fois à se livrer à leurs caresses, peut-être verrait-on moins d’amoureux larder l’objet de leur flamme devenu réfractaire à leur « amour », peut-être y aurait-il moins de maris trompés, enclins à se venger en lacérant la peau de l’infidèle qui a fait des déchirures au contrat. S’ils se