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si vous n’avez pas un pouvoir, comment ferez-vous pour empêcher les patrons, propriétaires, gouvernants et autres capitalistes de se liguer pour tenter une contre-révolution et rétablir leur autorité ? »

Si les socialistes qui font cette objection, voulaient bien réfléchir à la somme d’énergie qu’il aura fallu dépenser pour faire triompher la révolution sociale, s’ils voulaient bien se convaincre que ce qui fait la force de la bourgeoisie, ce sont les institutions actuelles, l’ignorance et la division du prolétariat, toutes choses qui n’existeront plus puisque la révolution aura réussi, ils ne feraient pas si piètre objection. — Lorsque les bourgeois, en possédant l’intégrité de leurs forces n’auront pas su empêcher la victoire du peuple, comment veut-on qu’ils en retrouvent de plus fortes pour bouleverser le nouvel ordre de choses et rétablir leur exploitation ?

Pour que les travailleurs consentissent à se laisser endoctriner par les capitalistes, il faudrait donc que la Révolution ne leur eût pas apporté les améliorations qu’ils en attendent ? Pour qu’ils acceptassent de se courber à nouveau, sous le joug de l’exploitation, il faudrait que la désillusion fût bien grande ?

Les capitalistes, livrés à leurs seules forces, seraient impuissants à défendre leur système d’exploitation. Il leur faut l’armée, la police, la bureaucratie, levées parmi les travailleurs, pour leur faire un rempart de paperasses et de baïonnettes : ne sera-ce pas l’œuvre de la révolution de disperser tout cela ? Est-ce que, même à l’heure présente, la majorité de ces défenseurs de l’ordre bourgeois ne l’est pas malgré elle ?

Dans une société où les individus seraient libres