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que l’on s’affranchit, mais en luttant contre la tyrannie. — L’homme plein de son idéal lutte et souffre pour répandre ses idées. Sa récompense n’est pas dans la satisfaction de mesquines ambitions, ou de succès d’amour-propre. C’est en voyant germer autour de lui les idées qu’il propage qu’il trouve sa plus belle récompense.

Nous n’avons donc, pour le moment, pas à nous préoccuper de ce qui est réalisable ou irréalisable, mais de ce qui est vrai, de ce qui est juste, de ce qui est beau. Ce sera ensuite aux individus à faire leur choix.

Mais ce qui nous rassure, c’est que, en temps de révolution, les idées marchent vite. L’exaltation qui, dans les périodes d’agitation s’empare des individus, suractive le jeu des cellules cérébrales, élargit leur entendement, en leur facilitant la compréhension de raisonnements qui, en temps ordinaire, n’auraient éveillé, chez eux, aucune sensation.

En temps de lutte, les hommes peuvent être poussés aux pires folies, mais aussi à l’abnégation la plus pure. C’est en faisant ronfler les grands mots de vertu, fraternité, devoirs sociaux, etc., que, dans les révolutions passées, les ambitieux sont toujours parvenus à étouffer chez les individus, la vraie perception de la liberté que représentait pour eux, le mot de république, et les ont amenés à subir leur despotisme.

Nous voulons, nous, que la masse puisse donner cours à tous ses bons sentiments, à ses besoins de solidarité, et qu’elle soit assez consciente de son autonomie, pour ne plus se laisser mettre d’entraves sous prétexte de sauvegarder la liberté.