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Quant aux préconiseurs de réformes qui nous parlent de progression lente, de réformes partielles, de temporisation et d’habileté, ils peuvent être de bonne foi, — il y en a, nous le savons, — qu’ils fassent leur besogne en paix ; quant à nous, nous ne pouvons nous associer à ces finasseries.

Nous avons une idée que nous croyons bonne, nous cherchons à la propager, à l’élucider, à la faire comprendre de ceux qui souffrent de l’exploitation actuelle et veulent s’en affranchir ; à ceux que les préjugés ou l’énormité de la tâche effraie, nous laissons le soin de temporiser, de demander à nos exploiteurs de mettre une sourdine à leur avarice, de mettre des ménagements dans leurs vols. Mais ayant un idéal complet dont nous cherchons la réalisation, nous ne voulons pas l’amoindrir sous prétexte qu’il pourrait effrayer ceux dont nous voulons abolir l’autorité.

Si, au lendemain de la révolution, il nous faut subir une période transitoire, ne sera-ce pas assez de n’avoir pu l’éviter, sans avoir encore à nous en faire les propagateurs.

La vérité avant tout.

Lorsque la révolution se fera, peut-être nos idées ne seront-elles pas assez comprises pour rallier autour d’elles la masse de ceux qui auront pris part à la lutte, peut-être la majorité n’acceptera-t-elle qu’une partie de notre idéal, laissant aux générations futures le soin de réaliser le reste ; peut-être, même, les anarchistes devront-ils être les premières victimes du pouvoir qui s’établira ? N’est-ce pas le sort des novateurs de souffrir pour l’affirmation de leurs idées ?

Qu’importe à l’homme convaincu. Ce n’est pas en prophétisant sur ce qui est possible ou non possible