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chassé les créatures de l’ancien pouvoir, pour s’y installer, eux et les leurs, la révolution est accomplie : le lendemain de leur révolution, c’est lorsqu’ils peuvent tripoter à leur aise, leur domination étant assurée.

La Révolution sociale que nous comprenons, ne peut s’opérer d’une façon aussi expéditive ; les révolutions politiques n’en sont que des épisodes. Qu’elles réussissent ou qu’elles échouent, cela n’influe en aucune façon sur le résultat final. Quelquefois, comme l’insurrection communaliste de 71, leur défaite peut être le point de départ d’un mouvement d’idées, bien plus fécond, bien plus grandiose, qu’elle aurait été incapable de réaliser si elle avait vaincu. La répression qui suivit sa défaite, sembla, à ce moment-là, être un retour en arrière. La réaction semblait triomphante, et elle exultait : le prolétariat maté allait donc, une bonne fois pour toutes, courber pour de bon, la tête sous le joug de ses maîtres politiques et économiques. — C’est depuis cette époque, que les réclamations ouvrières ont pris un caractère économique très prononcé, que les travailleurs ont enfin compris que les changements politiques n’avaient aucune influence sur leur situation économique, que l’autorité n’était que l’instrument, le véritable maître étant le Capital !


La Révolution sociale procède de l’évolution. C’est cette dernière qui, lorsqu’elle vient se heurter aux institutions sociales lui barrant la route se transforme en Révolution.

Pareille à la rivière dont la nappe s’étale au milieu de la plaine, sans courant perceptible, suivant insensiblement son chemin, semblant s’assoupir sous les