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gue : c’est l’intensité de la propagande qui sera faite autour des idées, c’est selon le temps qu’elle mettra avant d’éclater en lutte brutale, c’est la facilité de perception qu’elle trouvera dans les foules qui en réglera la durée.

Mais supposer que la bourgeoisie pourrait se laisser déposséder, parce qu’il suffirait de s’emparer du pouvoir par surprise, c’est commettre une grave erreur. L’autorité sociale de la bourgeoisie, n’est pas dans la représentation seule du pouvoir, elle est dans le commerce, dans la banque, dans tous les rouages administratifs, dans les bureaux, dans toute l’armée de la bureaucratie que cette organisation entraîne, et cela ne se change pas d’un coup. Tout pouvoir, quelque révolutionnaire qu’il fût, après avoir fait une maigre épuration, serait forcé d’en conserver la plus grande quantité. Il ne tarderait pas à être broyé par eux.

On a vu la férocité que la bourgeoisie a déployée pour réprimer tous les mouvements ayant une tendance sociale, cela nous présage la vigueur qu’elle mettra lorsqu’elle se sentira sérieusement attaquée, et le caractère que prendra la lutte. Attaquée dans ses privilèges, menacée de perdre tout ce qui l’élève au-dessus de la foule, condamnée à disparaître comme classe, elle se défendra de toutes ses forces, mettra en jeu tous les ressorts qui lui donneront les forces dont elle pourra disposer, et se rira des décrets s’ils ne sont pas suivis d’actes plus sérieux.

Or, quoi que nous fassions, quelle que soit l’accélération de leur marche, nos idées ne pourront pénétrer partout à un égal degré, tous les cerveaux n’en seront pas imprégnés avec la même intensité. En certains lieux, les individus pourront être entraînés à en tenter la réalisation, mais en d’autres, ils n’en accepteront