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meurt lorsqu’elle n’a plus d’esclaves pour lui donner la becquée.

Si la société bourgeoise était appelée à suivre paisiblement son évolution, tel serait probablement le résultat qu’elle atteindrait : des travailleurs n’ayant plus de sexe, et une bourgeoisie se transformant lentement en un sac digestif associé à un autre appareil qu’il est facile de deviner et que les dames romaines portaient, autrefois, en guise d’amulette.

Si nous ne voulons pas être des sacs à jouissance plus que des neutres, il est temps d’enrayer, et que la Révolution intervienne pour nous aiguiller sur une voie plus rationnelle, nous amener une société qui puisse donner libre champ à toutes les facultés et où l’on ne soit plus contraint à développer les unes — au risque de les hypertrophier — au détriment des autres.


Que l’on ne crie pas à l’invraisemblance. Que l’on jette un coup d’œil sur certaines villes manufacturières du Nord, de la Seine-Inférieure. La population est en voie de dégénérescence, la plus grande partie est anémique ; là, la femme et l’enfant sont complètement arrachés à la famille, à ce régime l’enfant s’étiole et s’atrophie, il est rachitique et usé à vingt ans.

Pour la femme, non content de la pressurer et de l’exploiter dans son travail, on la transforme, par dessus le marché, en chair à plaisir. Si elle est gentille, il faut qu’elle soit aimable pour monsieur le contre-maître et monsieur le patron, et aussi messieurs les employés ; les plus haut gradés, choisissant les premiers, cela va de soi. On peut avoir pour elle,