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ainsi les travailleurs auront livré de nombreux combats à l’ordre capitaliste, et leur affaiblissement numérique n’empêcherait pas leur développement cérébral qui viendrait fortement compenser une dégradation de forces. Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement, mais enfin, puisqu’on nous accuse de vouloir retarder le développement des progrès de l’humanité, il nous est bien permis, en étudiant la marche de nos sociétés, de chercher à nous rendre compte en quel sens s’accomplit ce progrès.

Or, ce progrès nous mène à l’atrophie de la classe productrice, à l’hypertrophie des individus composant la classe parasite. À force de se reposer sur le travail des autres, la bourgeoisie perdra la faculté du travail et ne sera apte qu’à la jouissance.

Chez les abeilles, chez les fourmis nous voyons ce qu’a amené la division du travail, en quel sens elle a poussé l’évolution de l’espèce ; chez les abeilles : des femelles, — dont une seule est tolérée dans la ruche, — des bourdons : les mâles, ensuite les neutres représentant le prolétariat dont la fonction est de produire pour la population de la ruche, la nettoyer, la défendre, construire les alvéoles et élever la progéniture.

Chez les fourmis, ou du moins chez certaines espèces, une quatrième division s’est produite : celle des soldats chargés de la défense de la fourmilière. Certaines autres sont allées encore plus loin, la fourmi amazone entre autres, — la Polyergus Rufescens des entomologistes, — qui fait la guerre aux autres espèces pour s’en faire des esclaves, n’est plus apte qu’à guerroyer et est devenue instinctivement si aristocratique qu’elle est incapable de tout travail dans la fourmilière, au point de ne plus pouvoir manger seule et