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passées sous des noms différents, mais appelées à produire les mêmes effets.


Du reste, il est temps que vienne ce cataclysme salutaire ; dans l’intérêt même de l’Évolution, il est urgent qu’intervienne la Révolution. L’État étend tous les jours ses ramifications dans les relations sociales et se développe au détriment de l’initiative individuelle. Tous les jours il augmente son armée, sa police, ses emplois ; pendant que les ateliers se vident de travailleurs, les avenues de l’État se garnissent d’individus qui, parce qu’ils ont échangé leur marteau ou leur lime contre une plume, un plumeau ou un balai, se figurent faire partie de la classe gouvernante et se croient tenus d’en prendre la défense.

La classe productrice diminue pendant qu’augmente la classe parasitaire ; de son côté, l’industriel agit dans le même sens ; s’il enlève de ses ateliers dix ouvriers producteurs, il créera un ou deux emplois parasitaires ni ouvriers, ni bourgeois, mais d’autant plus attachés à l’ordre de choses actuel, qu’ils se sentent absolument inutiles et craignent d’avoir à reprendre leur place à l’atelier.

Pour peu que cet état de choses continue, la classe ouvrière, immanquablement, diminuera de nombre pendant que se fortifiera la classe adverse, s’augmentant de tous les transfuges qu’elle établira dans les emplois parasitaires inférieurs, réservant les emplois productifs pour ses propres non-valeurs, il pourrait arriver un moment où les travailleurs ne seraient plus assez nombreux pour briser le joug qui les entrave.

Certes, avant d’en arriver là, il faudra que de nombreux siècles s’écoulent ; avant de se laisser éliminer