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l’ouverture, recommencera, avec ses espoirs, ses déceptions et ses angoisses.

Autrefois on partait le matin, on sonnait à la porte des usines, et on faisait ses offres de service, on pouvait ainsi dans la même journée visiter un grand nombre d’ateliers. Actuellement, il faut être, dès le matin à l’ouverture de l’atelier pour passer la revue du contre-maître qui, ayant le choix embauche ceux dont la tête lui revient le mieux. Avec ce système-là, si vous n’êtes pas embauché votre journée est perdue, car l’ouverture des ateliers se faisant à peu près aux mêmes heures, il est trop tard pour courir ensuite à d’autres.

Et c’est ainsi que, de jour en jour, d’amélioration en amélioration, l’exploitation capitaliste se perfectionne, devient plus savante, permet au capitaliste d’économiser du temps en combinant mieux ses mouvements, mais cette amélioration, c’est sur le dos des travailleurs qu’elle s’opère, ce sont eux qui, en définitive en font les frais ; car tous les jours, ils se sentent un peu plus enchaînés, un peu plus misérables.


Mais les économistes, gens très sensés et très sciencés — ce sont eux qui le disent — ne sont pas embarrassés de répondre à cela : « Il y a de la misère, cela est vrai. La faute en est à ce que la planète n’est pas encore adaptée à nos besoins. Certes » ajoutent-ils hypocritement, « notre société a bien des torts, elle gaspille bien des forces, mais enfin, l’évolution suit son cours naturel, et nous n’avons qu’à nous incliner devant les faits ».

« Les socialistes voudraient partager la fortune des