à leur sabre ou à leur fusil pour enlever une dernière tache de rouille.
De petits groupes se formaient, çà et là, dans la chambrée, papotant sur de minuscules détails de la vie quotidienne : sur les quatre jours de salle de police attrapés par Paul, puni pour « avoir parlé » sur les rangs, alors qu’en réalité, c’était un simple pet lâché pendant qu’on se rassemblait pour l’appel de l’exercice.
« Avoir parlé » sur les rangs, euphémisme imaginé par le lieutenant qui, se trouvant derrière le délinquant, avait au passage cueilli ce bruit insolite, et n’avait trouvé rien de mieux pour libeller le motif de punition.
C’est que, on est pudibond au régiment ! On traite les hommes de tas de cochons, sans préjudice d’épithètes plus salées, mais dans un rapport on emploie des périphrases pour désigner un pet.
Dans un autre groupe c’étaient les huit jours de prison infligés à Pierre qui faisaient le thème de la conversation. Un libellé corsé accompagnait la punition portée par Bracquel. Prétexte : une faute dans le service, motif réel : refus par la victime de prêter cent sous que le susdit voulait carotter sous nom d’emprunt. Les quatre jours de salle de police portés par le sergent avaient été transformés en huit jours de prison.