Page:Grave - La Grande Famille.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsqu’il eut jugé la leçon suffisante, Rousset fit cesser les sonneries et reprendre le pas de route.

Pendant quelques instants, les hommes se turent, essoufflés, mais bientôt on se remit à chanter, isolément d’abord, puis d’ensemble.

Meunier ! meunier, tu dors !
Ton moulin va trop vite.

Et le chapelet se dévida :

Un canard déployant ses ailes,
Couin ! couin ! couin !
Disait à sa cane fidèle,
Couin ! couin ! couin !
Quand donc finiront nos tourments,
Couin ! couin ! couin !

Pour varier, certains disaient : Quand donc finiront nos cinq ans !

Et les officiers préférant entendre des inepties que des chansons politiques dans la bouche des soldats, les laissèrent dévider leur répertoire faisant chorus avec eux.

À la fin, la tête de la colonne commençait une chanson pendant que la queue en terminait une autre.

Mais où ça devenait du délire, c’était quand une femme passait sur la route. Appuyant alors sur les refrains scabreux, on les dévisageait en rigolant.